Les fleurs se fanent entre mes doigts

(Jean-Paul SEVRES / Éric VINCENT)

Les fleurs se fanent entre mes doigts
Mes doigts de terre mes doigts de pluie
Mes yeux inventent des pays
Mais le néant reprend ses droits.

Je sens partout que dans l'espace
Je marche comme dans la rue
Et c'est mon corps qui se déplace
Pourtant mes jambes ont disparues
Ma main cherche une joue hirsute
Où est ma joue où sont mes mains
Je n'ai plus rien pourtant je bute
Sur tous les cailloux du chemin.

Les fleurs se fanent entre mes doigts
Soudain elles sont rose des sables
Tout ressemble à de vieilles fables
Gravées sur des nappes de froid
Les fleurs se fanent entre mes doigts
Je ne retiens plus aucune ombre
Mon ciel a soudain la peau sombre
Et ses diamants brillent d'effroi.

Je pénètre une femme absente
De mon sexe à jamais enfoui
Et d'une fougue indifférente
Je violente une galaxie
Sous mon corps noyé dans le vide
Un liquide sec a jailli
Dévorant d'une bouche avide
La fleur qui me tenait en vie.

Les fleurs se fanent entre mes doigts
Je deviens maître de la mort
Je n'ai plus ni âme ni corps
Je n'ai plus ni larmes ni joie
Les fleurs se fanent entre mes doigts
Mes doigts de terre mes doigts de pluie
Mes yeux inventent des pays
Mais le néant reprend ses droits. 

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